En rédigeant le Décret Fonction d’enseignant (Decreet Lerarenambt), le ministre de l’Enseignement flamand entend pallier la pénurie d’enseignants et revaloriser le métier d’enseignant. Le décret comprend quelques bons éléments, mais l’ACOD Onderwijs ne peut marquer son accord sur certains points. C’est la raison pour laquelle nous avons déposé un protocole de non-accord.
Deux points demeurent inacceptables à nos yeux. C’est pourquoi nous lançons une pétition afin d’exiger la suppression de ces points. Nous remettrons cette pétition au ministre.
De quels points parlons-nous ?
L’enseignant invité
Les directions des écoles dans le secondaire, l’enseignement artistique à temps partiel et les centres de formation pour adultes avaient déjà la possibilité de convertir un nombre très restreint de leurs heures de cours en crédit afin de désigner un enseignant invité. Cette mesure est temporairement assouplie et s’étend à l’enseignement primaire et à l’enseignement secondaire spécialisé.
Dans l’enseignement fondamental et dans l’enseignement secondaire, il sera possible, dès le 1er septembre, de convertir jusqu’à un tiers des heures de cours en crédit pour un enseignant invité et, dans les centres d’enseignement à temps partiel, il en sera de même à raison d’un cinquième des heures. Dans les centres de formation pour adultes, les centres d’éducation de base et l’enseignement artistique à temps partiel, la direction de l’école ou du centre définit ce pourcentage après négociations, ce qui signifie que cela peut encore conduire à un plus gros fiasco.
Les exigences imposées aux enseignants invités sont minimes : maîtrise de la langue d’enseignement au niveau C1 et certificat de bonne vie et mœurs. Un diplôme (pédagogique) n’est donc pas requis.
Les enfants et les adolescents peuvent, en d’autres termes, passer toute la journée à l’école devant une personne qui n’a pas été formée à travailler avec des adolescents ou des enfants. Cela n’affecte pas seulement la qualité de l’enseignement mais démontre également à quel point d’aucuns valorisent peu les enseignants diplômés. En outre, comment allons-nous motiver les jeunes à se lancer dans une formation d’enseignant si des personnes sans aucune formation peuvent elles aussi endosser cette fonction ?
Les enseignants invités peuvent négocier avec la direction de l’école ou du centre, pas uniquement en ce qui concerne leur salaire mais aussi le contenu de leur mission : leur horaire de cours, les contrôles, les remplacements, … Ce qui laisse planer le danger que certaines tâches soient rejetées sur les autres membres de l’équipe, alourdissant ainsi (encore plus) leur travail et aggravant la pénurie de personnel.
De plus, les enseignants invités sont désignés sans qu’il soit tenu compte des droits des membres du personnel statutaires. Même les statutaires peuvent éventuellement être laissés pour compte au profit d’un enseignant invité ou peuvent ne pas obtenir leur désignation étant donné que les heures statutaires sont converties en heures destinées aux enseignants invités.
Ce n’est pas l’enseignement que défend l’ACOD Onderwijs. Nous voulons un enseignement garanti de qualité pour nos étudiants et élèves, nous demandons une véritable valorisation de ceux qui ont sciemment choisi de se former au métier d’enseignant.
L’enseignant spécialiste
La direction d’une école fondamentale ou secondaire peut désigner un enseignant en tant qu’enseignant spécialiste sur la base d’une certaine expertise. Cet enseignant doit compter au moins 10 ans d’ancienneté, ne peut avoir obtenu un « insuffisant » lors de sa dernière évaluation et doit posséder les bonnes qualités pour la tâche qui lui est attribuée – mentorat, accompagnement de jeunes enseignants dans la classe, …
L’ACOD Onderwijs estime qu’il ne s’agit pas d’une bonne mesure pour plus d’une raison.
Il ne s’agit que d’un semblant de solution pour un problème non existant. En effet, la « carrière plane » des enseignants n’est pas un problème en soi et ne nécessite dès lors aucune « solution ». La flexibilité demandée de la part des enseignants et le changement de classes, d’élèves et de matières constitue déjà un défi en soi pour l’enseignant et ses journées sont déjà bien variées.
La direction d’une école va-t-elle juger le profil d’un enseignant spécialiste de façon neutre ou sur la base de critères subjectifs ? Ce mandat sera-t-il attribué dans le cadre d’une procédure objective ou serons-nous confrontés à du favoritisme et à du copinage ?
Enfin, le salaire plus élevé lié à ce mandat engendrera jalousie et discorde au sein de l’équipe comme c’est par exemple le cas aujourd’hui dans des pays où il existe l’une ou l’autre forme de rémunération différenciée dans l’enseignement. Pour l’ACOD Onderwijs, le poste d’enseignant spécialiste ne peut être instauré que s’il s’agit d’une fonction établie sur la base de critères objectifs.
L’ACOD Onderwijs émet ces réserves, car elle se soucie de la qualité de l’enseignement flamand. Des enseignants diplômés et valorisés sont la meilleure garantie que nos élèves et étudiants obtiennent ce à quoi ils ont droit.
Vous pouvez signer la pétition contre la mise en œuvre de ces deux mesures ici.